mardi 8 octobre 2013

La Prédiction – A.Hoffman – 160 p. - Gallimard jeunesse – 2006 – 8.15 €


Dans un autre monde ou peut-être dans un passé lointain, une communauté de femmes, semblables aux amazones, vit en tribu. Ces femmes sont de redoutables guerrières. Dès leur plus jeune âge, elles s’entraînent aux diverses formes de combat : lance, masse, arc... Cavalières émérites, elles font corps avec leurs chevaux. Leurs talents permettent à ces femmes d’être une tribu invaincue jusqu’alors. Les autres clans les considèrent comme des monstres mi-femme mi-cheval. D’ailleurs l’attribution d’un cheval à 13 ans marque le passage à l’âge adulte et donc au statut prestigieux de guerrière pour les meilleures d’entre elles. Ces femmes forment une communauté nomade qui fonde sa cohésion sur les interactions entre castes : les prêtresses, les gardiennes des abeilles, les guerrières … Cette société matriarcale suit des règles strictes d’obéissance à la Reine. Le pouvoir naît dans le ventre des mères qui le transmettent à leurs filles. Les hommes sont exclus de cette tribu. Ils sont considérés comme des sauvages, des ennemis à tuer, qu’ils viennent des territoires du Nord ou des villes de pierre de l’Ouest. Lors de leurs victoires, ces amazones sélectionnent les plus valeureux pour les garder prisonnier afin d’en abuser quelques nuits pour procréer leurs filles. Malheureusement Pluie, l’héroïne n’est pas née de cette tradition ancestrale qui légitime la filiation maternelle. Pluie est née d’un viol collectif. Sa mère Alina est la Reine de la tribu mais elle déteste sa fille. Elle ne l’a jamais regardée, ne l’a jamais portée dans ses bras. Elle laisse les différentes représentantes des castes éduquer Pluie. Alina exige que sa fille soit la meilleure pour monter sur le trône d’os et de pierres de rivière. Pluie est versée dans la divination. Elle est une cavalière extraordinaire et une guerrière héroïque. Sans un mot échangé en treize ans, la fille attend un encouragement, un simple regard de reconnaissance mais Alina ignore sa fille qui pourtant devient une femme et se prépare à lui succéder. Pluie n’apprend pas le pouvoir par imitation ou en suivant les conseils de sa mère. Elle est seule. Elle observe sa mère à la dérobée pour comprendre la stratégie guerrière et les rouages du pouvoir. Elle sait que son destin l’obligera à devenir féroce, brutale, intransigeante pour garder le pouvoir et perpétuer les victoires de son peuple. Au fil des années le corps de Pluie se couvrent des traditionnels tatouages bleus symbolisant ses réussites et ses exploits. Elle pense être prête à monter sur le trône mais d’étranges rêves et des rencontres bouleversantes vont compliquer ses projets ….Lorsque j’ai refermé ce livre, j’ai tout de suite cherché le tome 2. Malheureusement j’ai dû me contenter de ce seul et unique roman. De nombreuses thématiques sont abordées comme l’homosexualité, le racisme, la filiation, l’esclavage et le viol. Les descriptions sont parfois brutales et sanglantes à l’image de cette époque imaginaire rythmée par les guerres. Pluie est un personnage dont l’évolution psychologique est intéressante. Malgré les difficultés et l’opprobre de sa tribu, elle écoute ses convictions et devient une femme libre et fière. J’ai aimé ce roman sombre qui incite à la réflexion sur l’image de la femme. J’ai vibré aux descriptions des combats et des techniques guerrières mises au point par ses femmes. Les traditions autour de la vie et de la mort sont travaillées avec subtilité. La lecture est exaltante et complètement dépaysante. GrandGrand a lu ce roman. Il a apprécié les grands espaces, le nomadisme et la force de ses héroïnes légendaires. Je le conseille donc à tous les lecteurs dès 13 ans.