mardi 8 octobre 2013

Si tu savais – B.Broyart – 64 p. - Oskar – 2012 – 5 €


Un jeune homme un peu perdu dans la vie mais éperdument amoureux de la belle Anaïs, nouvelle élève de sa classe, décide de lui avouer son amour. Il sait que les déclarations d’amour sont un exercice difficile qui demande du talent et de l’originalité. Il décide de lui écrire un poème pour lui déclarer sa flamme. Après avoir entendu l’extrait A la Faveur de la nuit de Robert Desnos lors d’un cours de français, il sait qu’il a trouvé son maître, son guide, le poète qui lui ouvrira la voix de l’amour ! Avec son exemplaire volé de Corps et Biens, il s’enferme des heures dans sa chambre pour lire et pour écrire ses premiers vers. Il comprend qu’il doit non seulement puiser des émotions dans son amour pour Anaïs mais aussi dans la douleur qu’il ressentirait s’il était éconduit. En s’inspirant de l’écriture automatique tout en saisissant l’émotion juste, il écrit le vers libérateur : « Aucun mot pour traduire le mouvement de ton corps dans la marche ». Comme le dit le jeune héros, l’écriture est un exercice d’équilibre, il faut capturer le moment juste avant la chute … Incapable d’affronter la proximité d’Anaïs, il décide de glisser son poème dans la trousse de la jeune fille pendant l’intercours de math. Son amour, sa ténacité et son talent suffiront-ils à la convaincre de ses sentiments sincères ? Son amour sera-t-il compris et partagé ? Ce roman très court offre un style ciselé. Certaines phrases m’ont particulièrement émue comme celle-ci qui explique le processus difficile et douloureux de l’écriture poétique: «Il fallait ouvrir les vannes avec la prise branchée dans le cœur ». Les contrastes entre le langage familier du jeune homme et les extraits poétiques sont percutants. Le travail de mise en abyme est intéressant et l’ardeur du héros amoureux est vécue intensément. La poésie est présentée comme un outil, une arme, un vecteur attrayant et innovant. On est loin de la poésie ringarde et complètement obscure. La lecture de ce roman donne vraiment envie de se « re »plonger dans la poésie de Robert Desnos. Un roman coup de poing et cœurs liés à lire intensément. Dès 13 ans.