Au fond des bois – A.Lumare – 48 p. - Atelier du Poisson soluble – 2015 – 15 €

Si certains lisent l'avenir dans le marc de café, d'autres peuvent créer des histoires dans le fond des casseroles … Il était une fois, une petite fille perdue dans la forêt. Après des heures de marche, elle trouve enfin une maisonnette où se réfugier. L'hôte, Madame Ourse, lui propose alors un marché. Si la petite fille veut bénéficier de son hospitalité et de sa protection, elle devra travailler et cuisiner pour elle jusqu'à la fin des temps. Le petite fille accepte mais réfléchit déjà à une ruse ! Au fond des bois est un récit qui s'inspire du conte traditionnel russe Macha et l'ours. Cette histoire qui vante l'ingéniosité et l'audace de l'enfance est à découvrir dans un récit graphique époustouflant. L'auteur Alessandro Lumare met en scène cette histoire en créant des images de mousse dans des récipients. Les ustensiles et les batteries de cuisine deviennent des cadres poétiques à des œuvres éphémères mais inoubliables. Subtiles, fines et graphiquement « extraordinaires », ces sculptures ne peuvent qu'inspirer les jeunes lecteurs et les inviter eux-aussi à dompter bulles, mousses et écumes … Un coup de cœur assurément. Dès 5 ans.

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Dans le noir – J.Klassen/L.Snicket – 42 p. - Milan – 2015 – 13,50 €

Le jeune Laszlo a peur du noir. Il éprouve une peur panique à l'idée d'être dans l'obscurité. Il craint le placard sombre, les ombres cachées derrière le rideau de douche et surtout les ténèbres qui se terrent sous l'escalier. Il sait que le noir vit toute la journée dans la cave de la maison. Tapi derrière les vieux cartons et peloté contre une commode oubliée, le noir attend son heure pour se déployer dans tous les recoins de la grande demeure. Afin de combattre l'obscurité, Laszlo dort avec une veilleuse au pied de son lit et une lampe torche sur l'oreiller. Malgré ses rituels quotidiens pour apaiser sa peur, il ne parvient pas à s'abandonner à la nuit … Mais un soir, sa veilleuse s'éteint et le noir l'appelle ...Cet album aborde avec beaucoup de tact la peur du noir. Le suspens est habilement mené et invite le PetitProche à envisager la nuit comme une amie et le noir comme un allié. Le récit est bien mené et propose une intrigue qui fait sens. Les illustrations soulignent la personnification du noir et jouent sur les effets d'ombre. Un album pour tous les PetitsProches car un jour ou l'autre (plutôt une nuit ou une autre), il faut affronter l'obscurité … Dès 3 ans.

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La Nuit – B.Bone – 32 p. - Actes Sud junior – 2014 – 4,95 €

Je suis comme le héros de cet album, Ali, je n'aime pas la nuit. Je crois que j'en aurai peur toute ma vie. A la nuit tombée, l'angoisse n'est jamais loin. J'ai transmis cette crainte à MoyenMoyen qui se transforme en petit animal apeuré dès qu'il est confronté à l'obscurité. Nous avons donc lu cet ouvrage avec beaucoup d'attention car malgré sa peur, Ali, lui, décide de sortir en pleine nuit pour admirer le paysage enneigé. Doudoune, écharpe et moon boots ne l'empêchent pas de frissonner ...Mais est-ce seulement de froid ? Malgré son courage, Ali entend des bruits étranges. Il ressent des bruissements furtifs, il voit l'obscurité s'épaissir …......Mais qui se joue de lui ? Cet album aborde avec talent la peur du noir, du crépuscule et de l'obscurité. Les illustrations sont partie prenante du récit et jouent avec les ombres pour personnifier la nuit. Ce personnage en négatif semble observer et se jouer du héros qui domine peu à peu son appréhension des ombres, des bruits et tout ce qui est caché. Cet album noir et blanc propose une scénographie vraiment pertinente. Les lecteurs ressentent l'angoisse et visualisent la peur du héros. Un album « cathartique » … Dès 3 ans.

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La grosse bête – P.Jossen – 32 p. - Ecole des Loisirs – 2014 – 8.20 €

Il y a très longtemps, sur Terre, un horrible dinosaure persécutait un tout petit lézard complètement inoffensif. Chaque jour, il le battait à la course et adorait l’effrayer en rugissant très fort. Un jour, à bout de force et de patience, le jeune lézard mord la cuisse de l’horrible dinosaure … Le géant se prépare à dévorer le petit lézard quand une énorme boule de feu surgit dans le ciel …Cet album tout en économie de décor et de couleur porte pourtant une narration visuelle très réussie. Un récit efficace qui incite le lecteur à réfléchir aux rapports de force et de domination qui ne sont pas toujours ceux que l’on croit ! PetitPetit adore cet album qu’il lit et relit à ses doudous tout en frissonnant devant l’horrible dinosaure. Dès 2 ans.

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Du lait de fesses – E.Loe/A.Bjerknes Lima de Faria – J.B.Coursaud – 48 p. - La Joie de Lire – 2014 – 14.90 €

Si comme nous, vous ne savez pas ce qu’est le lait de fesses, alors je vous conseille de suivre les aventures de Marko, un jeune garçon intrépide et rigolo ! Un matin, au petit déjeuner, il réclame du lait de fesses d’Afrique. Sa maman, agacée, lui sert un verre de lait de vache pour le faire taire. Mais Marko n’a pas décidé de se laisser berner. Il s’embarque dans le bus de dix heures et quart pour aller en Afrique. Il y rencontrera un gnou policier énervé, un lion en maillot de bain qui cache bien sa férocité, un hippopotame affamé, une famille de gorilles à l’humour déjanté, un vautour véloce, une girafe bottée complètement hypocondriaque et enfin un éléphant rose, certes déprimé mais qui aidera enfin Marko à satisfaire sa soif de lait de fesses et d’aventures incroyables ! Cet album au récit loufoque propose une pérégrination où l’humour et la fantaisie sont rois. Le jeune Marko au caractère bien trempé est un héros très courageux même si parfois il fait pipi dans sa culotte lorsqu’il a très peur. Les illustrations vives constituées de découpages, de dessins et de montages numériques offrent elles aussi des contrastes et des détails renversants. Trinquons au lait de fesses d’Afrique car nous sommes sûrs maintenant qu’il existe ! Merci Marko et à la tienne ! Dès 5 ans.

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Petit Ours mal peigné – C.Wormell/C.Lager – 34 p. - Ecole des Loisirs – 2014 – 13 €

Un jour, en se baladant dans la forêt, un ballon rouge tombe devant les pattes de Petit Ours mal peigné. Quelle surprise et quelle joie de donner un fort coup de pied dedans ! Petit Ours mal peigné a tapé tellement fort que le ballon rouge est resté coincé dans les branches de l'arbre voisin … Pris à partie par une équipe de lapin, fâchés d'avoir perdu leur ballon, Petit Ours mal peigné se sent obligé de grimper dans l'arbre. Mais à peine a-t-il atteint les premières branches, que Petit Ours a le vertige … Et ce ne sont pas les habitants de l'arbre qui vont l'aider car l'écureuil, le hibou et la cigogne ne font pas bon accueil à ce pauvre petit ours … cet album grand format aux illustrations douces est un récit de pérégrination verticale. Les points de vue sont pertinents et soulignent l'exploit du jeune héros qui ne manque pas de courage ! Dès 2 ans.

Si vous aimez les albums dans lesquels les ours sont doux et pelucheux : ici !

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Le Matelas magique – A.Vaugelade – 30 p. - Ecole des Loisirs – 2005 – 12.70 €

Cet album est notre petit trésor des vacances avec MoyenMoyen. Acheté un euro lors d’un vide-grenier, nous l’avons lu de nombreuses fois à l’heure du coucher. Monsieur et Madame Lion n’ont pas besoin de se fâcher ou de négocier pour envoyer leur fils Eli au lit (sic !). A huit heures précise, il se brosse les crocs et se dépêche de rejoindre ses draps. Pas de câlin, pas de bisou, pas d’histoire, il est impatient de s’allonger sur son matelas car il est magique. Chaque nuit, Eli passe de l’autre côté en appuyant légèrement au creux de son lit. Il vit alors des aventures extraordinaires dans des lieux incroyables. Il a ses repères et des amis fidèles comme les poufs de la famille Coussin qu’il visite chaque nuit avec son ami-matelas. Ce soir-là, Eli va répondre à l’énigme de Jenny la Gazelle (son amoureuse !) lors de son passage dans la classe de Madame Autruche. Il va aussi sauver le palais présidentiel d’un terrible incendie. Appelé par tous les habitants à grand renfort de « Super-Lion-Ceau », Eli ne pouvait que répondre à leurs acclamations pour sauver le Président, sa femme et sa fille. En tant que super-héros, il capture aussi les pyromanes en fuite … Mais le matelas choisit une bien drôle de destination après cet acte de bravoure … Eli sera-t-il toujours aussi courageux ? Anaïs Vaugelade, auteur jeunesse reconnue, propose ici un album au rapport texte-image vraiment percutant. Les glissades d’Eli d’un monde à l’autre sont portées par des illustrations qui font sens. Les cadrages, la mise en page, le découpage et la tourne de page sont pensés et réalisés pour exprimer la durée, la successivité et les mouvements du jeune héros. La lecture rendue dynamique est alors un vrai plaisir ! De nombreux détails sont à découvrir. Les rêves d’Eli sont farfelus et extravagants mais tellement amusants … A partager dès 5 ans !

Cet album m’a fait penser à Cuisine de nuit de Maurice Sendak et vous ?

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Le Mange-doudous – J.Beziat – 40 p. - Ecole des Loisirs – 2013 – 13.50 €

 

En rentrant de l’école, un enfant découvre que ses doudous viennent de vivre une drôle d’aventure. Un Mange-doudous s’était introduit dans la chambre pour tous les manger. Il a commencé par Lapinot puis il a traqué tous les doudous qui étaient pourtant bien cachés pour les avaler. Ils ont combattu vaillamment mais malheureusement un par un, ils ont disparu dans le ventre devenu gigantesque de ce terrible monstre. Heureusement Berk, le doudou-canard le plus sale de la Terre mais certainement le plus courageux, a déjoué les plans de ce croqueur de peluches ! Les illustrations soignées sont savoureuses et révèlent des détails surprenants. Le récit procure un vrai frisson. Le point de vue narratif est intéressant et intensifie le suspens. L’humour, distillé avec pertinence, permet d’alléger le récit tout en l’enrichissant. Un album très réussi pour frissonner juste ce qu’il faut ! Dès 2 ans.

 

Si le thème des doudous vous intéresse : ici !

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Les Rebelles de Saint-Daniel : tome 1 : Appellez-moi Ismaël – M.G.Bauer – 265 p. - Casterman – 2011 – 13 €

En Australie, Ismaël Leseur est un jeune garçon qui entre au collège de Saint Daniel. Ses parents sont très fiers de son prénom dédié à leur amour commun du roman Moby Dick de Herman Melville. Dès le premier appel en classe, il est pris en grippe par Barry Bagsley, le tyran de la classe. Barry a décidé qu’Ismaël était un prénom de mauviette. Il trouve aussi que Leseur rime avec Le Sueur, le Pueur, le Prouteur. L’horrible Barry et sa bande font vivre un calvaire à Ismaël. Coups, bousculades, brimades et paroles blessantes sont le lot quotidien de notre jeune héros. Lors de cette première année au collège, Ismaël a appris à se faire tout petit, à raser les murs et à courber l’échine. Il a perdu confiance en lui. Il ne sent plus bon à rien. Il s’éloigne progressivement des apprentissages et de ses camarades. Heureusement lors de sa deuxième rentrée, Ismaël va rencontrer deux nouveaux arrivants. Tout d’abord, son professeur principal, Miss Tarango qui décèle rapidement les difficultés mais aussi toutes les possibilités d’Ismaël. Elle le nommera d’ailleurs tuteur du nouvel élève de sa classe : James Scobie, le deuxième arrivant. Ismaël râle de devoir escorter « le nouveau » partout avec lui. Surtout que James est atteint de troubles du comportement. Il cligne des yeux sans arrêt. Il lisse ses cheveux dix fois d’affilée. Il tourne la tête de droite et de gauche à répétition. Il a le gabarit d’une crevette et son look des années 50 n’arrange rien. Barry se frotte les mains devant ce binôme à terroriser sans crainte. Malgré son apparence, James cache une personnalité hors du commun et une force extraordinaire. Il trouvera la parade pour tenir tête à Barry. Il entraîne alors Ismaël dans un concours d’éloquence afin de prouver à tous et particulièrement à son meilleur ami qu’il faut toujours combattre en ayant le choix des armes … Après des mois de peur et d’angoisse, Ismaël s’ouvrira aux autres et découvrira les joies de la vie en groupe ! Ce roman rappelle un peu les romans de garçons d’autrefois. Sans magie, ni baguette, il fait aussi référence au « school story » et donc à Harry Potter. Le héros est touchant par son humour et son auto-dérision même si les situations vécues sont vraiment difficiles. L’auteur montre avec subtilité la capacité d’Ismaël à encaisser les coups et les méchancetés tout en soulignant l’effet produit sur sa personnalité : le repli, la perte de confiance en soi et la mésestime. Les personnages secondaires sont finement mis en relation. Les individualités et les différences s’effacent devant l’amitié et la solidarité. Le concours d’éloquence est aussi une belle découverte. La rhétorique et le charisme sont des talents que l’on souhaite approfondir après la lecture de ce roman d’apprentissage. Dès 11 ans.

Si vous souhaitez voir Ismaël s’épanouir :
Les Rebelles de Saint-Daniel : tome 2 : Ismaël part en live - M.G.Bauer –
Casterman – 2011 – 13 €

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Avril, le Poisson rouge – M.Leray – 40 p. - Actes Sud Junior – 2013 – 11.50 €

Je vous ai déjà présenté un ouvrage de Marjolaine Leray que j’affectionne particulièrement un petit Chaperon rouge ici. Nous le lisons régulièrement avec MoyenMoyen. Nous étions donc impatients de découvrir ce nouvel album qui nous a sauté aux yeux à la librairie avec sa couverture rouge. Dès que nous nous sommes approchés MoyenMoyen s’est exclamé « Déjà j’aime bien la tête du poisson ». Moi aussi je trouvais que ce poisson « Avril » avait une trombine qui nous promettait une belle lecture. Avril est un poisson rouge dramatiquement philosophe. Il se demande s’il doit « être ou arrête ». Après une adolescence difficile, il sait maintenant que ses parents aqualiques sont la source de ses maux et de ses troubles existentiels. Avril frôle parfois la dépression mais il décide d’affronter la dure réalité du bocal et de se remonter les nageoires pour vivre la vie dont il rêve ! Dès notre retour à la maison, MoyenMoyen a exigé m’a gentiment demandé de lui lire l’album. A la première lecture, j’ai eu du mal à rendre le récit compréhensible tellement je riais. J’ai dû expliquer certains passages à MoyenMoyen qui n’avait pas compris des jeux de mots. Nous l’avons lu dix soirs d’affilée … Je vous assure j’ai compté ! Et même au bout de toutes ces lectures, il en réclamait encore (et moi aussi d’ailleurs !). Puis il a décidé de le présenter à sa classe. Il réserve ce privilège à ses livres préférés. MoyenGrand et GrandGrand l’ont lu et ils ont aussi beaucoup ri. A 11 et 12 ans, ils ont compris toutes les subtilités et tous les jeux de mots de l’album. Ils ont été sensibles au ton corrosif, au style piquant et au second degré très pertinent. Les illustrations sont caractéristiques du style graphique de Marjolaine Leray. Les crayonnés en bataille, les effets de plan et de zoom sont très réussis. La palette de couleur restreinte donne du relief et du sens à chaque détail. Il me semble que tous les rapports texte/image sont utilisés. Parfois l’auteur joue sur la répétition ou la complémentarité, parfois elle renforce le rapport de contradiction ou de disjonction. Ces alternances de liaison portent à mon sens toute l’intelligence de cet album. Un gros coup de cœur ! Dès 6 ans.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’auteur, le site de Marjolaine Leray : ici !

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