Marjolaine Jarry est une habituée de mes chroniques. Je vous ai déjà présenté un de ces ouvrages Pieds nus dans la nuit que j’avais beaucoup apprécié, ici. Elle m’a envoyé son nouveau roman que j’ai reçu par un matin ensoleillé de mai (peut-être le seul d’ailleurs !). Le titre et la couverture m’ont tout de suite inspirée. Juliette est une adolescente un peu cabossée par la vie. Tout d’abord, elle vit en garde alternée chez ses grands-parents paternels qui habitent deux appartements en vis-à-vis. Cette garde ne s’organise pas semaine après semaine mais heure après heure. Selon l’humeur de chacun, Juliette navigue d’un appartement à l’autre en sautant par-dessus les paillassons. Ce couloir n’est pas un simple couloir. Il est une frontière étanche et la séparation de deux mondes que tout oppose depuis le divorce de ses aïeuls. Sa grand-mère est une jeune retraitée hyperactive. Elle gère avec minutie son emploi du temps, jonglant entre ses cours de yoga, ses café-philo, ses ateliers théâtre … Son grand-père est un vieil homme taciturne et casanier qui ne digère pas son divorce. Juliette n’a pas choisi de vivre auprès de ses grands-parents. Après le suicide de sa mère quelques mois plus tôt, Juliette s’est réfugiée auprès d’eux car elle ne trouvait pas de place dans la nouvelle vie de son père expatrié au Japon. La mort de sa mère l’a profondément ébranlée. Elle se sent dépassée par le chagrin. Elle se sent si fragile qu’elle préfère effleurer la vie protégée par « un scaphandre psychologique » que de la prendre à bras le corps. Heureusement sa meilleure amie Elodie l’aide à reprendre pied. Elle partage avec Juliette des plaisirs simples qui sont pourtant essentiels à 14 ans : manger des gratte-ciels pain de mie nutella en imaginant que le beau Selim, le plus séduisant garçon du lycée, tombe amoureux de l’une d’elles. Après une dispute avec sa grand-mère, Juliette décide de faire du roller pour se défouler. Un trottoir, un caniveau, une rue à traverser, Juliette se laisse emporter par la glisse. Elle est malheureusement heurtée de plein fouet par une mobylette. Transportée à l’hôpital, elle se réveille une fois de plus cabossée mais indemne. Blottie au creux de son lit, fatiguée par tant de coups de blessures en une année, elle est surprise de voir un jeune homme entrer dans sa chambre d’hôpital. Ce jeune inconnu est le conducteur de la mobylette. Il s’appelle Gabriel. Il vient prendre des nouvelles de Juliette et lui rapporter ses rollers laissés sur la chaussée par les pompiers. Après une discussion un peu laborieuse, il invite Juliette à manger une glace dès sa sortie … Notre jeune héroïne est ravie et en même temps elle ne se sent pas la force d’aller à ce rendez-vous galant ! Juliette est confrontée à un choix difficile. Doit-elle oublier Gabriel et son rendez-vous afin de se préserver d’autres mauvais coups de la vie et de l’amour ou préfèrera t-elle tenter sa chance et ôter son armure pour de nouveau éprouver de la joie et du plaisir ? J’ai beaucoup aimé ce roman. En quelques lignes, l’héroïne prend vie. On l’imagine. On comprend ses difficultés et ses emportements. On espère avec elle et on souffre aussi. Elle est une adolescente émouvante qui parle à chacune d’entre nous. J’ai apprécié ce panorama de l’amour offert sous toutes ses formes et dans toute sa complexité. Les personnages secondaires sont bien cernés. Les grands-parents sont particulièrement intéressants et hauts en couleur. Le style est très agréable. L’écriture alterne les épisodes sombres et plus légers avec intelligence. Jamais mièvre ou larmoyant, le récit est rythmé avec talent et légèreté. Un beau roman d’amour à lire et à vivre dès 12 ans.
Des coups de cœur en littérature jeunesse dès la naissance et même avant ... Des albums, des romans, des livres extraordinaires pour les petits et les grands ! Vous pouvez aussi retrouver mes présentations sur le site de Caroline Desages, journaliste, penseesbycaro, les chroniques de Marje, sur le site Daddy Coool, rubrique lecture et sur le blog haricotmagique, le premier mercredi de chaque mois !
mardi 22 octobre 2013
L’Amour n’est pas un sport de combat – M.Jarry – 156 p. - Rageot – 2013 – 6.50 €
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