mercredi 18 septembre 2013

Le Bal – I.Nemirovsky – 89 p. - Hachette – 1930/2005 – 3.60 €

 
En 2004, Irène Nemirovsky a remporté le prix Renaudot pour son œuvre posthume Suite française. Cette distinction a relancé l’intérêt autour des romans de cet écrivain des années folles. Cette édition, dont la couverture est un régal (je sais, j’ai 12 ans ½ ) me facilite la tâche en tant que médiateur du livre. Je conseille très souvent ce court roman à mes élèves. Vers 1930, A Paris, Antoinette vient d’avoir 14 ans. Elle vit avec ses parents qui, après de nombreuses années sombres, ont fait fortune. Enfant unique, elle côtoie peu les enfants de son âge. Une jeune anglaise lui sert de gouvernante et de chaperon. Malgré son prénom tintant et léger, Antoinette est une jeune fille taciturne rongée par le manque d’amour de ses parents et plus particulièrement de sa mère. La jeune fille étouffe dans sa vie étriquée. A 14 ans, elle rêve de liberté, d’amour et de sentiments sincères. Sans cesse sa mère la rabroue, la reprend, la corrige et l’insulte. Jalouse de sa fille, Mme Kampf souhaite ternir sa fille aux yeux de tous. Afin de montrer aux bourgeois parisiens son ascension sociale, le couple Kampf organise un grand bal à son domicile. Antoinette est ravie de cette initiative et s’imagine déjà faire son entrée dans le monde. Mais sa mère lui refuse l’accès à cette soirée. Elle devra se coucher avant l’arrivée des invités dans le cagibi afin de laisser sa chambre comme salle à manger. Cette annonce de Mme Kampf brise Antoinette qui décide alors de se venger. Ce roman en huis-clos est saisissant. La détresse d’Antoinette est poignante. Elle souffre, la haine est sa seule compagnie. Les relations mère-fille sont complexes. Le lecteur ne peut choisir son camp et notre complaisance va à Antoinette même si l’auteur rappelle que « sa mère l’avait prise sur ses genoux, contre son cœur, caressée et embrassée. Mais cela Antoinette l’avait oublié. ». Comme tous les grands auteurs, Irène Nemirovsky laisse à chacun l’interprétation qui lui convient car ce récit est inspiré de ses propres relations avec sa mère. Lors de la rédaction du Bal, elle vient de devenir mère. Elle aussi s’imaginait certainement un jour vieillissante, poussée par sa fille devenue jeune femme (situation qu’elle n’a malheureusement pas vécue). Tout le récit est tendu vers ce bal ou l’on sait dès le début qu’un drame va se dérouler. Un drame et un dénouement, fort heureusement. Le style est cinglant. Les passages où le point de vue est interne, sont particulièrement poignants. Généralement, je conseille ce court roman aux jeunes filles dès 13 ans, je pense qu’il peut néanmoins intéresser tous les lecteurs jeunes, garçons, adultes …