Lisa a douze ans. Elle voit les derniers jours de sa cinquième arriver avec soulagement. Elle est très pressée d’être en vacances car elle doit partir aux Etats-unis découvrir les réserves indiennes. Malheureusement dès les premiers jours de juillet, Lisa apprend que l’organisme qui assurait le voyage a fait faillite. Au revoir projet, réserves indiennes et grands paysages. Lorsque ses parents décident alors de l’envoyer avec son petit frère Etienne de 5 ans chez leur grand-mère dans le Sud de la France, Lisa frôle le désespoir ! Martine, elle, semble ravie de passer quelques semaines avec ses petits enfants. Elle les accueille avec chaleur et les invite au bal du village. Lisa découvre sa grand-mère, heureuse et rayonnante malgré son récent veuvage. Lisa, elle, se sent seule et délaissée car les jeunes villageois ne semblent pas très amicaux ou au contraire trop entreprenants pour elle. Cette soirée provinciale a chamboulé la jeune Lisa. Sa première nuit est très agitée. Elle ne trouve pas le sommeil. Elle sent des chatouillis sur sa tête. Son crâne la démange. Elle se lève et rejoint la salle de bains pour s’approcher du miroir. Lisa découvre que des plumes ont poussé sur sa tête. Des petites plumes multicolores parsèment ses cheveux. Elles sont douces et lisses mais indétachables de son cuir chevelu. Lisa est stupéfaite. Est-elle en train de se transformer ? Mi-femme, mi-oiseau, se métamorphoserait-elle en chimère ? Au petit matin, un simple bonnet en coton gris lui permet de camoufler son plumage. Au petit déjeuner, Martine les prévient qu’elle sera absente en fin de journée et qu’ils vont devoir dormir chez une amie, Patricia, sa voisine. Lisa se doute que sa grand-mère a un rendez-vous galant. Patricia est une femme charmante qui habite une bergerie. Elle voue une passion aux oiseaux et la cour de sa ferme abrite de nombreuses cages. Perroquets, perruches, diamants de Gould, canaris rouges et inséparables égayent les lieux de leurs chants. Quelques minutes après leur arrivée, un jeune homme arrive. C’est Lalou, le neveu de Patricia. Il est très proche de sa tante et il l’aide à tenir la ferme. Les cheveux noir corbeau, Lalou semble timide et un peu mal à l’aise. Rapidement le petit Etienne supplie les jeunes gens de venir se baigner avec lui dans la piscine. On comprend que Lisa porte un bonnet de bain pour cacher ses plumes mais alors pourquoi Lalou n’enlève t-il pas son t-shirt pour se baigner ? Aurait-il lui aussi quelque chose d’«extraordinaire » à cacher ? Ce roman joue sur la mince frontière entre le réel et le rêve. On ne sait pas vraiment si Lisa et Lalou sont différents. On doute, on s’interroge … Ce récit est onirique et flirte avec les légendes indiennes. Le personnage de Lisa qui devient une femme lors de cet été est un temps de transformation et de métamorphose physique et psychique. J’ai apprécié les personnages féminins. Lisa, la très jeune femme, Silvia, la femme, Patricia, la femme d’âge mûr et Martine, la femme âgée. L’amour est le thème central du roman et c’est justement ces portraits de femmes amoureuses qui sont intéressants. Le couple Lalou et Lisa ressemble à ces grands couples de la littérature ou du cinéma, le coup de foudre, l’amour et la passion partagés et bien sûr la séparation même si elle n’est que géographique. Certaines situations cocasses allègent cette histoire un peu troublante. Je le conseille surtout aux jeunes filles dès 11 ans.
Victoria rêve – T.de Fombelle/F.Place – 112 p.
Gallimard jeunesse – 2012 – 13 €
En vrai, j’ai commis une erreur lors de mon achat de Mon Amérique. J’avais mémorisé des illustrations de plumes sur la couverture. Depuis j’ai acheté celui que je cherchais vraiment Victoria rêve de T.de Fombelle. Il n’y a pas que les plumes qui rapprochent ces deux romans. Les héroïnes se ressemblent un peu par leur capacité à croire en leurs rêves. Victoria rêve d’aventures, de tempêtes, de combats à l’épée et d’enfants à sauver. Malheureusement sa vie de collégienne est d’une routine abrutissante. Elle attend de grandir pour s’échapper et prendre la vie à bras le corps. Pour combler ses années d’attente et d’ennui, Victoria lit. Elle arpente les rayonnages de la bibliothèque pour emprunter les ouvrages qui la font rêver. Vendredi ou la vie sauvage, Histoires pressées, les Raisins de la colère, le Clan des Otori, Oh Boy, Bilbo le Hobbit, Peter Pan, l’Ile au Trésor, le Livre des Etoiles, Artémis Fowl, 1984 et bien d’autres encore garnissent ses étagères. Sa chambre est un repère des meilleurs romans de littérature jeunesse et générale. Malheureusement depuis quelques jours, Victoria a remarqué que ses livres disparaissaient un à un. Serait-ce un pirate en maraude, un cow-boy en manque, un fantôme de bibliothécaire ou un buveur d’encre qui lui vole ses livres ? Victoria est aux aguets et ne craint pas de rencontrer l’étrange voleur. Un soir, en revenant de la bibliothèque, elle entend des pas qui résonnent derrière elle dans la rue. Tous les sens aux aguets, Victoria est impatiente d’en découdre … Ce roman est une apologie de la lecture et des lecteurs. L’héroïne fantasme complètement sa vie en utilisant ses lectures. Les Trois Cheyennes ne sont pas des captifs mais les héros d’un même roman. Malgré tous les efforts de Victoria, elle devra rejoindre la vie réelle pour aider ses proches à surmonter le chômage de son père qui lui volait ses livres pour combler ses longues heures d’inactivité ! La boucle est bouclée et les livres sont partagés. Pour les lecteurs aguerris dès 9 ans.
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