jeudi 22 août 2013

Les Gratte-ciel – G.Zullo/Albertine – 38 p. - La Joie de Lire – 2011 – 18.25 €

 
Quel drôle d’album, complètement farfelu, totalement décalé au format original : 18 cmx 37 cm. Sur un papier grège, épais, les doubles pages présentent en opposition deux belles demeures. Sur la page de gauche, la maison de d’Agenor-Agobar Poirier des Chapelles et sur la page de droite, la maison de Willigis Kittycly Junior. Vous noterez la simplicité des noms qui sont aussi long que les limousines garées devant les portes. A chaque tourne de page, les deux maisons prennent de la hauteur et de la valeur. Chaque propriétaire imagine et ajoute des étages avec par exemple une sculpture réalisée par le grand artiste contemporain Michaël Walkerestount, un tigre de Bengale empaillée, une salle de collections mais aussi un ascenseur panoramique, un piano de concert à queue et bien évidemment une bibliothèque de livres rares et anciens. Il est évident que nos deux voisins mènent une compétition féroce pour détenir le gratte-ciel le plus haut, le gratte-ciel le plus beau et bien sûr le gratte-ciel le plus cher. Toute la vie des chantiers est présente en périphérie des demeures en construction : Carlos Grizon le manœuvre, Marcel Cathieux, maître charpentier, Olivio le jardinier et plus de quatre architectes qui se succèdent. A chaque tourne, les pages se remplissent et les gratte-ciel montent de plus en plus haut : la dernière mesure évalue à 1227 m la maison de Willigis Kittycly Junior. Mais les architectes les plus chers du monde sont formels, il est tout à fait impossible de construire plus haut ! Peut-être est ce le moment de reprendre pied sur terre et de vérifier ses fondations : n’est-ce-pas Monsieur Agenor-Agobar Poirier des Chapelles ! Cet album confirme tout le bien que je pense de Germano Zullo et Albertine. Une fois de plus, La Joie de Lire porte bien son nom et j’avoue que j’explore leur catalogue avec délectation. Les illustrations sont très réussies et fourmillent de détails croustillants. J’ai dû le lire plusieurs fois pour faire le tour des immeubles. Les récits graphiques et textuels se mêlent avec harmonie : en partant du rez-de-chaussée d’une des demeures, l’œil est attiré par les différents détails architecturaux puis par les personnages et les dialogues autour du bâtiment, ce petit intermède permet de passer à l’étage supérieur et de découvrir à nouveau des salles, des décors fantastiques. Construit comme un escalier, les récits s’appuient les uns sur les autres pour nous porter tout en haut des gratte-ciel. Mon GrandMoyen, 10 ans, était complètement absorbé par sa lecture. Une belle allégorie de la sur-consommation, comme la Tour de Babel, rien ne suffit, jamais. Il n’y a que la folie des hommes qui soit infinie. Cet album peut être lu dès 5 ans avec un lecteur adulte mais je le conseille à partir de 8 ans pour une lecture autonome.