mardi 30 juillet 2013

La colère de Banshee – J.F.Chabas / D.Sala – 24 p. - Casterman – 2011 – 14.95 €


J’ai longtemps attendu cet album. Il était sans cesse emprunté à la bibliothèque de ma ville. Après des réservations loupées, des réservations perdues, il a fallu que je parte en vacances pour l’emprunter à la médiathèque du village de montagne que nous fréquentions. Je n’ai pas regretté mon attente et je sais maintenant que je vais l’acheter pour l’avoir dans ma bibliothèque. Même si je ne suis pas pour une catégorisation par sexe, je pense, néanmoins, que cet album est plutôt à conseiller aux petites filles. Elles seront sensibles aux images et comprendront mieux la jeune héroïne Banshee. Savez-vous que dans les légendes irlandaises, la banshee est la plus puissante des fées. Ses pouvoirs sont si intenses que les hommes et les druides plient devant la force de ses malédictions. Nous, lecteurs, sommes tapis à l’orée de la forêt aux portes du Palais de Cristal. Qu’attendons-nous ? Pourquoi attendons-nous ? Nul ne le sait mais lorsque les portes du Palais s’ouvrent à la volée pour laisser passer Banshee, petite fille parée d’une robe dorée, il nous est impossible de rester cacher dans les sous-bois. Nous suivons notre jeune héroïne dans la forêt. Tête baissée, cheveux ébouriffés, les petits pieds nus de Banshee brûlent l’herbe qu’ils touchent. Lors de cette course effrénée, elle essaie de calmer sa colère mais tout son corps participe à l’embrasement de ses émotions. Arrivée sur la grande plage, sa fureur n’est toujours pas calmée et ses forces se décuplent au contact des différents éléments : roche, eau, vent. Bourrasque, tempête puis tsunami, rien ne l’apaise, ni la peur des poissons, ni les cris des oiseaux affolés et certainement pas les prières des marins terrorisés. Mais quelle est la raison de cette colère noire et qui va réussir à calmer la fureur de Banshee qui maintenant hurle au bord de la plage ? La fin de l’album est surprenante et rompt le rythme de cette colère toute puissante. Le récit est déroutant et j’ai dû lire plusieurs fois l’album pour appréhender toutes les dimensions magiques évoquées au fil des pages. Mais je pense que la force de cet album est dans les illustrations. Flamboyantes, somptueuses, j’ai été captivée par reflets mordorées et les arabesques des images. A la manière de Klimt, chaque double page est une invitation à la rêverie et à la démesure. Mes doigts ont caressé chaque petit pas doré de Banshee et je suis complètement tombée sous le charme de cette héroïne au caractère bien trempé. Un album qui permet d’inviter l’enfant à s’approprier à la fois un conte, une réflexion sur la maîtrise de ses émotions et une invitation à l’art. Merveilleux album qui mériterait bien plus que mon simple coup de cœur.