mardi 30 juillet 2013

Fipopus, Gropopus – F.Laurent – 18 p. - Atelier du Poisson Soluble – 2012 - 14.50 €

Comment dire, comment expliquer cet album que j’ai trouvé génial. Il est hors norme. Il restera à côté de l’étagère des albums, au dessus de la bibliothèque des BD, sous le rayonnage des romans graphiques. Tout d’abord le format, 11,5 cm x 32 cm, un ouvrage tout en hauteur. La lecture peut se faire dans les deux sens du livre, d’ailleurs vous le lirez dans les deux sens pour avoir la totalité de l’histoire. Mais ne faites pas comme moi, ne cherchez pas absolument à savoir dans quel ordre attaquer cette pépite comme toutes les bonnes choses, elle se déguste comme on le souhaite. Puis l’ouvrage se glisse dans la main pour découvrir dès la première page, un double récit, une double aventure, un même monde divisé en deux, deux civilisations qui s’ignorent et qui pourtant vivent en système partagé. L’ouvrage est plié en accordéon et le déploiement total des pages dévoile un monde original. Je vous l’avoue, j’ai d’abord rencontré les Gropopus. Les Gropopus sont des êtres belliqueux, criards et emportés. Alors imaginez la panique lorsque le seul puits qui leur permet de vivre se tarit : c’est la guerre, il faut trouver un coupable. En tentant d’attraper le bouc-émissaire, les Gropopus sont témoins d’un miracle, une montagne apparaît sur leur territoire ! Devant un tel prodige, le peuple se divise, l’effroi contre l’espoir absolu. Je ne vous raconterai pas la fin des aventures des Gropopus car je crois que les Fipopus seraient jaloux que je dévoile en même temps leur propre histoire.
Autant les Gropopus sont chamailleurs, autant les Pipopus sont calmes et sereins. Mais leur sérénité est très sérieusement ébranlée quand l’unique et seul puits se tarit. Plus une goutte d’eau, cette sécheresse subite inquiète beaucoup les Fipopus qui ont bien du mal à gérer cette situation de stress intense. Et c’est au cours de leur frénésie, qu’une météorite énorme s’écrase sur leur territoire. Les Fipopus sont confrontés à une frayeur ingérable jusqu’à ce que … Comme vous l’avez compris les deux récits sont liés, la chute de la météorite des Fipopus, entraîne l’apparition de la montagne chez les Gropopus, lorsque le puits des uns se tarit, c’est un geyser chez leurs voisins qui vivent sous leurs pieds. Sous les pieds les uns des autres, les Gropopus et les Fipopus sont deux peuples qui n’ont aucune « valeur » commune .Les illustrations sont savoureuses et rappellent les traits des illustrations de bandes dessinées. L’œil est sans cesse attiré par les événements qui se déroulent sur les deux faces de cette drôle de terre. L’histoire est simple mais riche et rappelle l’effet papillon. On remarque que les deux peuples ont leurs propres philosophies de vie mais qu’aucun ne gère les situations de crise. Le récit icôno-textuel crée une vraie dynamique de lecture et le rire est au rendez-vous. Cet album est le premier de cet auteur Frédéric Laurent et je le netvibes de suite car je mise sur cet homme pour nous étonner de nouveau. J’applaudis « encore » Atelier du Poisson Soluble car cet album est un beau pari avec les enfants ! Je suis sûre que ces derniers sauront l’apprécier. Mon GrandGrand (11 ans), mon GrandMoyen (10 ans) et mon MoyenMoyen (6 ans) se l’arrachent …car une seule lecture ne suffit pas et malgré ses (seulement) 18 pages, plusieurs lectures sont nécessaires pour décrypter et détailler toute la richesse de cet album.