lundi 30 septembre 2013

No et moi – D.De Vigan – 256 p. - Livre de Poche – 2009 – 6.10 €

Lou est une jeune lycéenne un peu particulière. Malgré ses converses aux pieds et son Eastpack sur le dos, elle est différente des autres jeunes gens de sa classe. Avec un Q.I. de 160, Lou est une excellente élève mais elle est asociale et particulièrement peu loquace. Ce comportement est peut-être le résultat de son statut de jeune fille intellectuellement précoce ou peut-être est-ce la mort de sa petite soeur Thaïs qui l'a définitivement murée dans une solitude forcée. Ce drame a explosé les liens familiaux. Sa mère, Anouk, est devenue dépressive. Elle ne sort presque plus de son fauteuil. Son deuil l'entraîne si loin dans le désespoir que Lou n'existe plus pour elle. Anouk essaie de survivre, son mari fait semblant de vivre et Lou se demande pourquoi il faut vivre. Dans cette ambiance sombre et anxiogène, Lou essaie de finaliser son exposé pour son cours de sciences économiques. Elle a bien essayé d'y échapper mais son professeur Monsieur Marin est un fin limier de l'enseignement. Il veut obliger sa meilleure élève à l'exercice de l'exposé oral. Prise au dépourvu, Lou propose de travailler sur le sujet des sans-abris et plus particulièrement sur les jeunes SDF. En s'appuyant sur un témoignage, elle souhaite présenter le parcours d'une vie, d’un itinéraire brisé, d’une existence en marge. Lou ne sait pas pourquoi elle a proposé ce sujet. Elle ne connaît personne qui corresponde au profil recherché pour son témoignage. Elle attend un signe du ciel pour se soustraire à cet exercice tant redouté. A ces heures perdues, Lou aime se réfugier à la gare Austerlitz pour fréquenter de près les émotions de la vie : joie, retrouvailles, consolation, bonheur. Lou se paie du bon temps à observer les gens, elle fait le plein de sensations et d'intensité humaine. C'est au coeur de cette gare qu'elle rencontrera No, jeune SDF. Cette rencontre bouleversera Lou dans ses habitudes et dans ses relations aux autres. En invitant No chez elle, Lou entraînera aussi une révolution et une amélioration des relations familiales. Elle s'appuiera aussi sur Lucas, son meilleur ami qui la prénomme Pépite comme un trésor, comme une promesse d'amour, comme une foi inébranlable en elle et en eux. L'écriture de Delphine de Vigan est un plaisir. J'apprécie son style. Ses romans parfois sombres sont des oeuvres littéraires de grande qualité. Dans No et moi, son talent est d'avoir réussi à mêler deux récits de vie chaotiques avec légèreté. Sans apitoiement, sans gnangnanrie, l'auteur nous emporte au coeur de cette rencontre improbable mais très intense. Les personnages sont remarquables. Un roman fort qui touchera les adolescents dès 14 ans.