samedi 28 septembre 2013

Madame Gargouille – O.Charpentier – 128 p. - Gallimard jeunesse – 2006 – 8 €


Ezéchiel est un jeune parisien qui mène une vie paisible. Le collège, les copains, les filles et quelques bêtises rythment son quotidien. Avec son meilleur ami Jordan, ils inventent les pires sottises pour rendre l’horrible concierge de l’immeuble, Madame Gargouille, complètement chèvre. Cette vieille femme âgée et taciturne cristallise toutes leurs ingéniosités d’âneries. Entre Madame Gargon-Gargouille et Zec, c’est la guerre ! Zec ne sait pas encore que l’âge des plaisanteries est fini. En quelques heures, son existence va basculer suite à la séparation de ses parents. Un soir, en pleine crise conjugale, sa mère l’envoie se réfugier chez la concierge accompagné de sa petite sœur Lucie. Terrorisé et mal à l’aise, Zec frappe à la loge. Madame Gargon les accueille chaleureusement sans demander d’explications. Elle improvise une soirée crêpes pour détendre l’atmosphère. La petite Lucie est aux anges. Zec, lui, dessine pour oublier la tempête conjugale quelques étages plus haut. Il dessine pour se faire oublier. A travers la vitre de la loge, il voit son père passer avec une valise. La crise est terminée. Ses parents sont séparés. Ezéchiel va alors connaître des heures sombres. Du haut de ses treize ans, il va devoir soutenir sa petite sœur Lucie. Il va tenter de réconcilier ses parents. Il va grandir et comprendre que les apparences sont parfois trompeuses. Madame Gargon va devenir son repère dans cette tempête. D’horrible gargouille, elle deviendra son amie. Chaque jour, il passera faire le plein de réconfort, de tendresse et de pensées psychophilosophiques. Dans ce tout petit appartement, il va croiser d’autres enfants et particulièrement Jasmine qui deviendra son secret. Ce roman est un trésor de délicatesse. Sans gnangnanrie, les thèmes difficiles de la séparation, de l’adolescence sont abordés avec subtilité. Les personnages sont fouillés. Ezéchiel est étonnant. Il n’est pas le héros que l’on attend, il est humain et imprévisible. Tantôt fort, tantôt sombre ou fragile, les lecteurs se reconnaîtront dans ce jeune garçon qui amorce le passage délicat de l’adolescence. Madame Gargouille n’est pas un personnage accessoire. Elle représente peut-être chacune d’entre nous dans quelques années. Elle aussi aborde un tournant délicat de la vie, la vieillesse. GrandGrand, 12 ans, l’a lu très rapidement. Il me l’a rendu en me disant qu’il fallait que je me débrouille pour que MoyenGrand, 11 ans, le lise … Cette phrase sibylline veut dire : « ce livre est vraiment génial, j’aimerais partager cette belle lecture riche et profonde avec mon frère que j’adore mais je ne sais pas comment le lui dire ». Si, je vous assure, j’ai compris tout ça dans cette phrase énigmatique, pas vous ? Je remercie chaleureusement Orianne, l’auteur, qui m’a envoyé cet ouvrage. J’espère qu’elle nous offrira encore de beaux romans à partager …Dès 9 ans.