samedi 28 septembre 2013

Hôïchi : la légende des samouraïs disparus – H.Funaki/Y.Saitô – 40 p. - Nobi-Nobi – 2012 – 15 €

 
Je suis les éditions Nobi-Nobi depuis leur création il y a quelques mois. Je trouve courageux de lancer une maison d’édition en cette période de questionnement et de doute sur l’économie du livre. La ligne éditoriale est la liaison entre la littérature jeunesse et le Japon. Certains albums sont des créations dont le thème est le Japon, d’autres collections sont ciblées sur les contes et les légendes traditionnels japonais comme la collection Soleil Flottant. Hôïchi et la légende des samouraïs disparus est une adaptation d’une histoire de fantômes qui se transmettait à l’oral. Inspiré de la version écrite de Lafcadio Hearn (Lian Hearn) au début du XXème siècle, cet album retrace l’histoire d’une vieille légende et d’une terrible tragédie. Il y a plus de sept siècles, deux grandes familles japonaises, les Genji et les Heike, ont combattu durant des années jusqu’à la bataille de Dan-no-ura durant laquelle tous les Heike furent tués. Depuis cette bataille, les plages sont hantées par les fantômes des combattants Heike. Afin de calmer le désir de vengeance des Onibi (démons), le temple Amidaji et un cimetière ont été bâtis près des plages. Quelques siècles plus tard, un jeune aveugle, Hôïchi a trouvé refuge au sein du temple Amidaji. Ce jeune homme est un prodige du chant et du biwa, instrument traditionnel japonais. A cette époque médiévale, les chanteurs sont plutôt des conteurs qui relatent de village en village les
grandes épopées de l’Histoire. Hôïchi développe tout son talent dans son chant consacré aux conflits des Genji et des Heike et particulièrement à la légendaire bataille de Dan-no-ura. Lors d’une soirée particulièrement chaude, Hôïchi se détend en jouant du biwa sur la terrasse du temple. Soudain, le jeune aveugle entend des pas lourds et inconnus approcher. Il discerne le cliquetis d’une armure. Il reconnaît une voix de meneur d’hommes. Hôïchi comprend qu’il est en présence d’un samouraï. Impressionné, il n’ose pas protester lorsque le guerrier le somme de le suivre afin de chanter devant un seigneur de passage très puissant. Ce Seigneur souhaite entendre Hôïchi chanter le chaos de la bataille de Dan-no-ura et le désespoir du clan Heike. Soir, après soir, en secret, Hôïchi est obligé de chanter sans relâche devant ce Seigneur et sa Cour. Heureusement le jeune garçon n’est pas seul et bientôt son vieil ami le prêtre du temple comprendra que Hôïchi est envoûté et qu’il est en danger …Cet album propose un conte intense et troublant. Le récit est mené avec talent et le suspens est construit habilement. Lors de la première lecture de ce livre, je me suis rendu compte que j’étais en apnée depuis quelques pages lorsque je l’ai refermé. Les illustrations sont saisissantes. Grand format, elles permettent aux lecteurs de découvrir de nombreux détails et particulièrement la finesse des armures des samouraïs. Les jeux de luminosité et de plans sont très réussis. J’ai eu un coup de cœur pour l’illustration du jeune Hôïchi, le corps couvert de sutra, le visage tourné vers le lecteur. Je n’ai pas souhaité le lire à MoyenMoyen, 6 ans car le récit est un brin effrayant ! Pas besoin de vous dire que MoyenGrand, 10 ans et GrandGrand, 11 ans ont adoré cet album ! Dès 8 ans pour les enfants qui aiment les frissons !
Si vous vous intéressez à cette maison d’édition, le site : ici
Emission Il y a un éléphant dans le jardin, Aligre Fm : interview d’Alain Dufour, éditeur, par Véronique Soulé : ici

Interview d’Alain Dufour et Olivier Pacciani, éditeurs, par Fred Ricou des Histoires sans fin :