samedi 27 juillet 2013

Une sirène chez les hommes – K.Sakaï – 42 p. - Ecole des Loisirs – 2009 - 13.70 €


Je suis bien consciente que les albums sont difficiles à proposer à ces âges : 6/9 ans. Les enfants n’ont plus envie de lire des albums car il faut le dire les albums « ça fait bébé » ! Pourtant certains albums sont vraiment pertinents à cet âge car la double lecture image/texte permet aux enfants d’être immergés dans l’histoire et en même temps de se libérer du texte pour comprendre l’histoire grâce au récit icono-textuel. J’ai lu ce livre à mon fils de Bientôt6ans et j’ai arrêté la lecture car je sentais qu’il était mal à l’aise. Effectivement, cet album est destiné à des enfants matures et prêt à suivre une jeune sirène dans un combat bien difficile. Comme une suite de la Petite Sirène d’Andersen, nous rencontrons une sirène qui ne supporte plus de vivre sous les flots. Enceinte, elle décide d’offrir à sa fille la chance de grandir parmi les hommes. Elle dépose son nouveau-né sur un rocher au pied d’un temple car « elle est sûre que les hommes lui donneraient tout l’amour dont elle a besoin ». Recueillie par un couple de commerçants sans enfant, elle fait le bonheur de ce couple vieillissant malgré sa queue de sirène et sa mélancolie. Obligée de vivre dans le secret, notre jeune sirène est aussi une artiste. Elle décore les bougies vendues par ses parents adoptifs qui font fortune grâce à son talent. Les marins du monde entier viennent acheter les bougies décorées qui semblent porter bonheur lorsque ces dernières sont brûlées au temple. La présence de cette jeune créature fait des envieux et bientôt un marchand de cirque frappe à la porte …Pas besoin de vous dire que l’histoire est sombre mais complètement envoutante. Je l’ai relue plusieurs fois afin de profiter de sa richesse et de celle de l’écriture. Les illustrations de Komako Sakaï sont une fois de plus magnifiques et soulignent les émotions de la jeune héroïne la mélancolie, la tristesse et la détermination. L’auteur Mimei Ogawa aborde les thèmes de la superstition avec finesse et sème le trouble sans donner d’explications précises, c’est à nous lecteurs de tout âge d’imaginer les liens invisibles et peut-être magiques de ce conte.