mardi 22 octobre 2013

Ferrailleurs des mers – P.Bacigalupi – 395 p. - Au Diable Vauvert – 2013 – 18 €


GrandeChérie m’a conseillée ce livre. Une fois de plus son conseil a fait mouche car j’ai dévoré Ferrailleurs des mers en quelques heures. Dans un monde post-apocalyptique, à la fin du XXIème siècle, notre civilisation a disparu. Les hommes vivent selon deux catégories, les riches et les pauvres. L’esclavage règne sur tous les continents. La loi du talion et les règlements de compte sont les seules lois connues. On vend ses reins, ses enfants et son sang pour survivre et se défendre des dealers, des proxénètes et des tueurs en tout genre. Les plus riches ont réussi à imposer l’argent comme ordre moral. Ils naviguent sur de superbes clippers et traversent les mers pour marchander et échanger avec le plus offrant. Ils sont protégés par des mi-bêtes. Des hommes génétiquement modifiés avec des ADN de chien, tigre et de hyène qui leur jurent fidélité jusqu’à la mort. Ce nouveau monde sauvage et inhumain ne laisse que peu d’espérance de vie à Nailer, jeune homme chétif, livré à lui-même. Battu par son père, il tente de survivre en travaillant dur avec ses coéquipiers qui sont aussi ses campagnons d’infortune. Ils vivent sur une plage bidonville près des côtes de la Louisiane. Ils passent leurs journées à ramper dans les épaves des cargos et des super-tankers. Nailer doit récupérer les kilomètres de câble laissés dans les entrailles des anciens monstres des mers. Il en va de sa survie car il a un quota à respecter. Son équipe de « légers » et lui ont la tâche de ramener un maximum de cuivre, d’aluminium et de nickel. Leur chef, Bapi, est un tyran qui ne craint pas de maltraiter son équipe pour gagner le plus de billets rouges possible. Après le passage d’une terrible tempête, une tueuse de villes, Nailer et sa meilleure amie, Pima, découvrent un clipper échoué sur une île proche de leur plage de travail. Ils prient tous deux le Dieu Ferrailleur et le Destin d’être tombé sur ce bateau dont ils vont pouvoir tirer des kilos de matériaux précieux. Ils n’hésitent pas à faire les poches des cadavres retrouvés dans les coursives. Dans une des luxueuses cabines, ils tentent de retirer les bagues en or d’une jeune fille qui semble morte ensevelie sous le poids du lit retourné. Malheureusement les doigts de la jolie jeune fille ont gonflé et les bagues ne glissent pas. Nailer décide alors de lui trancher le majeur pour récupérer les quelques grammes d’or. Il appuie fermement sur la jointure de la phalange mais s’arrête lorsqu’il voit les deux grands yeux noirs de la jeune fille posés sur lui … Après ce regard, la vie de Nailer va basculer … Ce roman de science-fiction est haletant. Le style de Paolo Bacigalupi est agréable et la compréhension du récit est facile. Certaines scènes sont rudes et demandent aux lecteurs d’être un peu aguerris. La course poursuite de Nailer avec sa « jeune richarde » Nita permet de découvrir un monde effrayant et une Amérique détruite par les ouragans. Leurs relations ambiguës évoluent tout au long de leurs péripéties. Ils s’aiment parfois, ils se détestent souvent mais ils ont besoin l’un de l’autre pour survivre … Les thèmes de la filiation et du libre-arbitre sont menés avec pertinence. Une lecture d’évasion que je conseille aux bons lecteurs dès 13 ans.
Je ne connaissais pas cette maison d’édition mais j’ai inscrit Au Diable Vauvert section jeunesse dans le flux-veille de mon cerveau !
Michel Abescat présente Ferrailleurs des mers dans Télérama : ici !