lundi 16 septembre 2013

La Croûte – C.Moundlic/O.Tallec – 30 p. - Flammarion – 2009 – 10.50 €


Depuis quelques mois, je croise cet album dans les bacs des différentes bibliothèques que je fréquente. Je connais le sujet de ce livre et cela m’effraie, je n’ai pas envie de le lire. Je sais que cet album raconte la vie d’un enfant confronté à la mort de sa mère. Lors de mon dernier passage, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai commencé la lecture assise sur le rebord du bac à albums. Je voulais savoir si j’étais capable de dépasser mes craintes. La première phrase a failli être fatale « Maman est morte ce matin ». On rentre dans le vif du sujet tout de suite, sans tabous et sans atermoiements. A l’annonce de la mort de sa mère malade, notre jeune héros s’énerve, se débat avec le trop plein de tristesse. Il est en colère. Il n’admet pas que sa mère le laisse tout seul. Il trouve son père incompétent car son Papa ne sait pas faire des tartines coupées en deux avec le miel étalé en zigzag. Au bout de quelques jours, ce petit garçon est bien fatigué de devoir s’occuper d’un Papa abandonné comme ça, il trouve que son Papa n’est pas facile comme adulte. Lui au contraire s’occupe en défiant les lois de l’oubli. Il ferme toutes les fenêtres pour empêcher l’odeur de sa maman de partir. Il se bouche les oreilles et ferme la bouche pour conserver la voix de sa mère. Empêtrés dans leurs peines, perdus, désespérés, ce père et ce fils se reconstruisent une vie à deux avec de nouveaux rituels à inventer. Heureusement la visite de sa grand-Mère maternelle va rassurer notre jeune héros et lui rappeler qu’il n’oubliera jamais sa mère. Sans mièvrerie et avec poésie Charlotte Moundlic construit son récit avec un jeune personnage très attachant. Ce jeune héros ne manque pas de caractère. Son expérience du deuil est un beau témoignage de résilience. Ses réflexions, parfois drôles, allègent cette histoire au thème difficile. Les relations père-fils sont touchantes et je ne vous cacherai pas que j’avais les larmes aux yeux en refermant ce livre. Les illustrations sont séduisantes et l’omniprésence de la couleur rouge souligne la colère, le désespoir et l’instinct de survie du héros. Cet ouvrage est un très bel album sur le deuil et sur le lent processus de reconstruction nécessaire lorsque l’on perd un être cher.
La critique de Télérama : zou ! La critique des Libraires sorcières : rezou ! La soupe de l’espace : .