mercredi 21 août 2013

Ma pomme – O.Solminihac / M.Kerba – 79 p. - Ecole des loisirs – 2008 – 7.32 €


Scène de vie : Des amis arrivent avec leur fille de 6 ans, MoyenMoyen s’écrie : «Mais Maman, c’est une fille, c’est nul, je peux pas jouer avec … » Les jeux d’enfance ont parfois un drôle de goût quand on se retrouve à jouer avec un enfant de sexe opposé. Mes fils grandissent en horde exclusivement testéronée et les jeux mixtes peuvent leur poser question. J’ai choisi ce livre pour le lire à mon MoyenMoyen qui voit parfois d’un mauvais œil l’arrivée de ses cousines et des filles de nos amis. Ce court roman est l’histoire de l’enfance et surtout de ses jeux : cabane, bataille, aventure, de ses bêtises : mini mensonges, menus larcins mais aussi de ses peurs et de ses incompréhensions entre filles et garçons. Le récit est un petit régal de douceur et de délicatesse, notre jeune héros doit partager un après-midi avec Marilyn qui comme son prénom l’indique, est une fille. Elle ne semble pas très intéressée par sa collection : bâton de pêche, bâton flute, bâton boomerang … Elle ne veut pas non plus chasser le loup. Elle propose de chasser les serpents mais notre Héros a une peur bleue des serpents. Ce n’est pas simple de trouver des jeux communs, cela demande une complicité, une connivence, des accointances. En sirotant un élixir grenadine-mouches, ils se mettent d’accord pour conquérir le monde. Après avoir traversé le jardin potager, escaladé le portillon, ils partent à l’aventure. La petite fille est tantôt songeuse et souvent triste. Malgré les questions de notre jeune héros, Marilyn ne veut pas partager son chagrin : elle « était tellement recroquevillée que je ne pouvais pas localiser ses mains. Elle ressemblait à un parallélépipède rectangle et, même, quand on aime la géométrie, on ne prend pas un parallélépipède par la main pour la consoler ». Mais l’aventure les appelle et rompt ce moment d’intimité car un monstre terrible leurs barre le chemin : un Blancus gigantescus. Malgré son épée, le jeune garçon n’arrive pas à dompter la Bête. Heureusement que Marilyn domine la situation, sans combat, sans bain de sang, elle libère la voie et voilà notre binôme sur la voix de l’amitié, de l’échange, du respect et de la découverte des différences et de ses richesses. J’ai beaucoup aimé ce roman. Court, tout en retenu, sans gnangnanrie, le style est très agréable et les jeux de mots sont vraiment pertinents. Les dialogues sont drôles et les personnages sont crédibles et permettent aux enfants de s’identifier. Les illustrations de Muriel Kerba animent élégamment le récit. Un roman à partager dès 6 ans garçons et filles mêlés.