jeudi 22 août 2013

La Fille des batailles – F.Place – 74 p. - Casterman – 2007 – 16.95 €

 
Tambour des cœurs, tambour des batailles, cet album est rythmé par le roulement des tambours. Ce battement régulier est un comme une douce musique de fond, une trame sonore autour de laquelle s’enroulent les drames. Une cadence dont les personnages ne choisissent pas le rythme mais à laquelle ils s’accrochent coûte que coûte. Au XVIIe siècle, lors d’un naufrage, un bailli, alerté par ses ouailles, recueille une jeune fille, seule survivante sur la plage. Elle a la peau sombre, deux fins anneaux d’or brillent à ses oreilles, aucune marque de fer aux membres. Transie de froid, la jeune Sarrasine semble incapable de parler. Le bailli s’accapare cette petite perle colorée et s’imagine déjà paradant à son bras dans les salons parisiens. Mais en chemin, ce sénéchal, joueur invétéré, perd la jeune fille au jeu. Elle ne doit son salut qu’à la bienveillance d’un couple d’aubergistes. Maître Martin et son épouse Clémence adoptent tout de suite ce petit bout d’exotisme dans leur auberge. Ils la prénomment Garance et lui font une place au Soleil d’Or et dans leurs cœurs. Malgré son mutisme, Garance grandit, s’épanouit et devient une jeune femme magnifique et pleine d’entrain. Elle semble particulièrement sensible à la musique et surtout à Bastien le violoniste. « Alors Garance, la tête reposée sur la poitrine du jeune tambour, s’endormait en écoutant le bruit que faisaient les battements de son cœur ». L’amour entre les deux jeunes gens est intense, partagé et évident. Mais le Seigneur est lui aussi tombé sous le charme de Garance et son désir ne peut attendre, ni entendre de refus. Garance est accablée mais comme une tempête que l’on entend arriver de loin, le tambour de la guerre appelle les hommes sous les drapeaux : aux armes, du sang dans les rangs. Garance se retrouve donc seule, rongée par le chagrin et l’angoisse. Elle décide de rejoindre la ligne de front, elle ressent le besoin de rejoindre son amant, Bastien, son tambour car un petit cœur bat en elle ! Garance, Bastien et Séraphine, leur fille, devront affronter encore bien des combats et des difficultés dans cette époque d’obscurantisme religieux. Vous savez que je suis en phase avec François Place. La Fille des batailles, a été primé de nombreuses fois et je comprends la célébrité de cet album. L’histoire palpitante croise avec finesse la grande Histoire. Les personnages sont très bien cernés, crédibles. Garance et Séraphine sont flamboyantes bien que très différentes, le rapport mère-fille est intense et complexe. J’ai été sensible à cette histoire de mère et de fille, libres, capables de se construire, de vieillir dignement quelles que soient les difficultés. Les illustrations sont des tableaux éblouissants, j’aime l’utilisation des couleurs, la précision des détails et la mise en page de ces œuvres. Cet album est une pépite à conseiller aux garçons et aux filles (dès 8 ans) malgré le titre qui peut pincer certains garçons !

Télérama en a parlé aussi clic ! Si vous souhaitez entendre l’interview de François Place : c’est ici !