mardi 24 septembre 2013

Rosalie Blum, tome 1 : Une impression de déjà-vu – C.Jourdy – 128 p. - Actes Sud – 2007 – 18.30 €

Cette bande dessinée est le premier tome d'une trilogie. Elle fait partie de mon nécessaire de survie lorsque j'arrive dans un établissement. Elle est un repère dans les sélections pour mes élèves et mes collègues. Vincent a 30 ans. Il mène une vie simple et monotone. Son appartement est situé sous celui de sa mère, veuve qui l'appelle plusieurs fois par jour. Elle est envahissante et un brin tyrannique avec son fils unique. Il a hérité du salon de coiffure de son père qui est à quelques mètres de son appartement. Depuis le départ en stage à Paris de sa petite amie Marianne, Vincent se sent seul et la dictature maternelle lui pèse. A la recherche d'une épicerie ouverte le dimanche, il sort de ses repères habituels pour faire les emplettes demandées par sa mère. A la superette, Vincent est surpris car il se rend compte qu'il connait l'épicière. Malheureusement à part cette impression de déjà-vu, Vincent ne remet pas du tout cette femme. Il ne se souvient même pas de son prénom … Elle va obséder ses pensées, ses rêves. Le hasard lui permet de la croiser le samedi suivant lors d'une balade en ville. Sans réfléchir, instinctivement, Vincent va la suivre. Il ne s'explique pas cette soudaine attirance vers elle. Sa filature lui permet de raccompagner discrètement la mystérieuse épicière qui habite à l'extérieur de la ville. Rosalie Blum est le nom inscrit sur la boîte aux lettres. Ce nom tourne sans fin dans la tête de Vincent. Il sait qu'il a déjà entendu ce nom, vu son visage mais aucun souvenir ne revient à la surface. Intrigué, Vincent prend l'habitude de suivre cette femme quotidiennement. Il récupère ses poubelles afin de découvrir qui elle est … Vous vous doutez qu'ils vont finir par se rencontrer mais vous ne vous doutez certainement pas de la tournure que va prendre cette histoire ...Cette bande dessinée est un régal. De nombreuses émotions nous traversent pendant la lecture de cette trilogie. Tout d'abord, le rire qui est surtout porté par les personnages secondaires. La mère de Vincent, Simone et son cousin, Laurent, sont truculents et complètement déjantés, Koloc, le pêcheur de crocodile est aussi un secondaire à découvrir absolument. La mélancolie et la tristesse sont aussi des sentiments présents dans cet album. Le héros, Vincent est émouvant La monotonie de sa vie lui pèse mais son incapacité à changer le cours de son destin invite le lecteur à ressentir de l'empathie pour lui et peut-être même à poser un regard critique sur sa propre vie ...Les scènes de vie quotidienne et les chassés-croisés sont très réussis. Le lecteur est entraîné dans ce maëlstrom des rencontres improbables, des rendez-vous loupés, des hasards heureux ou non. Les dessins tout en finesse s'organisent parfois comme une bande dessinée tout en s'inspirant du roman graphique. Parfois pleine page, parfois encadrés, les illustrations racontent leur propre histoire grâce aux nombreux détails. Dès 15 ans.