lundi 23 septembre 2013

Pieds nus dans la nuit – M.Jarry – 161 p. - Thierry Magnier – 2012 – 9 €

L'auteur Marjolaine Jarry m'a envoyé son roman il y a quelques semaines. J'ai été touchée qu'elle me témoigne sa confiance et son intérêt par cet envoi.
En le lisant, j'ai pensé à la citation de Romain Rolland « On ne lit jamais un livre. On se lit à travers les livres, soit pour se découvrir, soit pour se contrôler ». J'y ajouterai « soit pour se souvenir ». En lisant ce roman, j'ai été emmenée à revivre ma propre adolescence. Les amitiés extraordinaires qui s'étiolent, les relations amoureuses complexes, les liens familiaux qui se délitent et surtout l'horrible sensation d'être ce que je ne voulais pas ou d'échouer à devenir celle que j'aurais voulu être. Louise, jeune lycéenne, vit entourée de ses meilleurs amis : Baptiste, Claire et Tom. Ce quatuor s'organise en deux couples inséparables depuis leur entrée au collège. Ils imaginent leurs vies futures pleines de promesses, de talents et de réussite communes. Malheureusement au fil des mois, Claire maigrit, maigrit tellement qu'elle est hospitalisée dans une clinique spécialisée dans les soins pour les jeunes souffrant d'anorexie. Louise ne comprend pas pourquoi Claire est malade. Elle se demande si elle ne lui aurait pas caché des traumatismes de l'enfance. Elle ne comprend pas que Claire ne lui ait pas demandé à l'aide. Elles sont les meilleures amies du monde, rien ne peut les séparer. Malheureusement la maladie de Claire va l'entraîner dans des contrées si lointaines que même les mains tendues de Louise ne pourront l'en extirper. Les mois filent. Tom et Baptiste semblent faire face à l'absence de la belle Claire mais Louise, plonge, elle dans un désarroi qui la coupe de toute relation. Elle va au bout de sa tristesse et de sa colère. Louise se ferme aux autres. Elle tourne le dos à la vie qui l'attend. Elle ne veut pas, elle ne peut pas se projeter vers cet avenir si incertain … Elle comprend que grandir exige des sacrifices. Sur l'autel de la vie adulte, il faut parfois se délester de ses idéaux Dans l'obscurité de sa tristesse, Louise apercevra aussi quelques lueurs de soutien, des liens tenaces qui lui permettront de s'apaiser et d'envisager son avenir. Ce roman est une plongée en adolescence. Ce territoire sans carte et sans balise est parfois difficile à traverser. On apprend à s'armer et à « se chausser » pour se protéger. Le récit délicat et juste permet d'aborder des thèmes difficiles sans s'apitoyer. La fin du récit est particulièrement réussie toute en demi-teinte et en espoir. Louise est un personnage dont je me souviendrai longtemps. J'ai réellement ressenti de l'empathie pour cette jeune fille qui deviendra une femme lumineuse, j'en suis certaine. Dès 15 ans.