dimanche 22 septembre 2013

La petite capuche rouge – O.Charpentier – 128 p. - Gallimard jeunesse – 2008 – 7.10 €


En un mot comme en cent : Méthilde est une peste ! Cette héroïne est un cauchemar. Elle est égoïste et égocentrique. Elle est arrogante, un peu perfide, très vaniteuse. En classe, elle fait sa pimbêche et même sa crâneuse. Cette jeune fille est un repoussoir émotionnel. Elle est la bête noire des autres filles. Malgré sa jolie frimousse et ses bons résultats scolaires, elle est isolée car elle est incapable d’établir des relations saines avec les autres jeunes gens de sa classe. Ses rêves sont des cauchemars qui tournent autour d’interrogations surprises sur l’amour. Sans avoir étudié Freud sur les bancs de la faculté (quoique si en y réfléchissant bien !), on se doute que si Méthilde n’arrive pas lier de liens amicaux, c’est qu’elle-même ne reçoit pas d’amour. Le mimétisme émotionnel est nécessaire pour pouvoir créer des relations amoureuses et amicales sincères. Méthilde est consciente de dysfonctionner mais elle se réfugie à l’ombre de ses tocs pour calmer ses angoisses et sa solitude. Après une nuit peuplée de diplômes d’évaluation sur l’amour, Méthilde est d’humeur ombrageuse. Enfermée dans la salle de bains, aucun de ses vêtements ne lui plaît ! Après plusieurs essayages, elle essaie le dernier pull de la pile. Tout de suite, elle sait que ce pull convient à son humeur et à son teint. Tissé de cachemire, ce pull rouge à capuche semble s’enrouler autour d’elle comme s’il avait toujours attendu ce jour pour s’unir à Méthilde. Quelques heures plus tard, Méthilde est ravie car elle vient d’apprendre qu’un week-end de révision de mathématiques l’attend. Une évaluation très importante est annoncée par l’enseignante pour le lundi suivant. Méthilde ne cache pas sa joie et devant la mine consternée de ses camarades de classe, elle jubile. A cet instant, elle donne un coup de pied dans la chaise de sa voisine pour rappeler à celle-ci qu’elle doit se pousser quand la Sérénissime passe. A ce moment précis Méthilde reçoit une décharge électrique tout le long de l’échine. Elle est stupéfaite car le courant semble provenir de son pull. Après un haussement d’épaules désinvolte, elle rejoint le couloir où deux de ses camarades râlent devant les difficultés du prochain devoir de math. Sans réfléchir, Méthilde propose de réviser avec elles afin de les aider. La douce chaleur de son pull irradie le long de ses bras pour la réconforter. Sarah et Léopoldine sont étonnées de la proposition de Méthilde. Cet élan ne lui ressemble pas. De son côté Méthilde ne comprend pas pourquoi elle a proposé son aide. Elle sait alors que cette journée n’est pas ordinaire. Effectivement Méthilde va vivre une drôle de journée et une drôle de nuit. Elle va découvrir que l’amour et l’amitié ne sont pas des sentiments vains. Elle va s’apercevoir que l’on peut avoir confiance dans les autres et en soi. L’empathie et la solidarité sont des armes solides derrière lesquelles il est bon parfois de se protéger. Méthilde est une peste qui va expérimenter des émotions intenses mais authentiques. Elle va devoir lâcher prise pour cerner et comprendre le beau et ténébreux Djibril. Le personnage est détestable et adorable à la fois. Cette belle réécriture du petit Chaperon rouge est un délice ! Beaucoup de mystère restent sans réponse et c’est très bien comme ça. Chaque lecteur comblera les lacunes selon sa sensibilité, une sorte de réécriture intime ! Ce roman de pérégrination psychologique, de lente maturation est une belle réussite. Dès 11 ans.